Le 17 janvier 2019, la chapelle des Charpentiers, à Morges bruit de conversations. Plus de deux cents personnes sont venues écouter Mme Rosette Poletti sur le thème « Mourir comment le vivre ? ». C’est la première de quatre rencontres sur le sujet délicat du suicide assisté. La deuxième donnera la parole aux professionnels, la troisième aux proches, et la quatrième au débat éthique et spirituel.

– Qu’est-ce que la mort ? Ni la négation de la vie, ni son accomplissement, dit Rosette Poletti. C’est la fin de la vie, tout simplement, par usure et délabrement. C’est le rideau qui tombe à la fin du spectacle. Mourir, c’est faire le deuil de soi, et cela se vit dans une solitude extraordinaire.
La signification d’une vie vient de ce qu’on en a fait. Elle ne dépend pas de sa durée, mais de notre capacité de vie consciente, et tout particulièrement de la compassion, comme le dit un des deux commandements qui résument pour Jésus toute la loi juive : « aime ton prochain comme toi même ».

– Qu’y a-t-il après ? Personne ne le sait vraiment.
Parmi les représentations de l’au-delà, il y a la notion de vie éternelle. Jésus, ressuscité, ne donne pas de description. Aujourd’hui de plus en plus de personnes ont de la difficulté à croire à une vie éternelle.
Une part des gens, à l’instar d’un Finkielkraut, pensent qu’après la mort il n’y a rien.
D’autres, avec le Dr Charbonnier, anesthésiste et réanimateur, essaient de cerner de manière scientifique, ce qu’il y a après. Sur la base de témoignages de personnes réanimée, il parle de conscience intuitive extra neuronale, (ce qu’on appellait âme ?) qui se déroule dans une autre dimension.
On a beaucoup d’hypothèses, mais pas de connaissance sûre.

– Peut-on choisir la mort ? Nous sommes programmés pour vivre. Il y a en nous un puissante force de vie, un instinct de survie. Le plus souvent quand quelqu’un opte pour le suicide, il s’agit pour lui de quitter une situation insupportable. Le désert relationnel est fréquemment en lien avec une telle décision.
Le suicide assisté est différent, c’est un choix assumé préparé. Une personne dit « Je retourne vers mon Père céleste ». Il peut y avoir la peur de la souffrance, de mourir étouffé, selon certaine maladie. Un certain nombre de morts considérées comme naturelles sont des suicides par dénutrition. Les personnes arrêtent de s’alimenter et de boire. Laisser mourir est devenu fréquent, même si on n’en parle guère. Le rôle du soignant n’est pas de faire vivre mais d’accompagner la personne. La société nous donne une injonction parmi d’autres : « prends toi en charge ». Le suicide assisté peut être influencé par cette injonction.

– Aujourd’hui on ne se prépare plus à mourir. Pour bien se préparer à mourir, il faut vivre intensément sa vie. Dire « je t’aime ». Il y a de nouvelles propositions pour se préparer : la Dignity therapy, par exemple, qui consiste à aider quelqu’un à mettre en forme un récit de sa vie. Des rituels, comme la célébration de réalisations. Dire adieu est une manière de se préparer, on se dit alors des choses importantes. De même, mettre ses affaires en ordre. Le sacrement des malades, l’onction d’huile sont des rituels de préparation, peu connus en milieu protestant. Les soins palliatifs mobiles existent depuis peu, qui permettent de mourir à la maison. Des accompagnants de fin de vie, des gens offrant leur présence et un dialogue, aident déjà grandement les mourants, car seuls 10% des décès requièrent des connaissances médicales particulières en soins palliatifs.

Notes de François Paccaud